La figure du professeur d'histoire-géographie a un rapport ambivalent vis-à-vis de l'engagement. D'une part, son statut de spécialiste, certifié par le diplôme et le concours, doit lui permettre d'enseigner objectivement, en s'appuyant sur les faits : il s'agit de ne pas apparaître comme le répétiteur d'une histoire officielle. D'autre part, c'est à lui que l'on s'adresse préférentiellement lorsqu'il s'agit de former à la citoyenneté et il devient alors porteur des valeurs de la République.
Il en résulte une suspicion fréquemment mise en avant lors des réformes de programme. Les programmes d'histoire sont ceux qui de très loin sont le plus souvent accusés d'oublis toujours scandaleux ou au contraire d'enseigner d'autres cultures au détriment de ce que devrait connaître un élève sur la France ! Moins enseignée dans les faits, la géographie est aussi moins suspectée d'être porteuse d'idéologies. Pourtant, elle parle du monde contemporain et aborde donc nécessairement des questions politiques sensibles, à propos desquelles les professeurs peuvent avoir pris des positions. Les manuels constituent un bon indicateur de l'injonction à l'objectivité et à la neutralité attendue de l'enseignant. A travers leur analyse, nous pourrons montrer comment ont été évoqués les principales questions sujettes à engagement comme la colonisation, les différences de niveau de développement, les inégalités ou l'environnement. Cela pourra être mis en résonnance avec les engagements fréquents de leurs auteurs.