Le chercheur, la caméra et le terrain. S'engager sur un chemin à double sens.
Olivier Bories  1@  
1 : Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires
École des Hautes Études en Sciences Sociales, Université Toulouse - Jean Jaurès, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5193, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville, École Nationale Supérieure de Formation de l\'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville

C'est une collègue géographe qui vient de me faire passer l'information de cet appel à communication. Bien que ce lundi soit réservé sur l'agenda à l'écriture de mon HDR, je me dis que l'occasion d'un « engagement » est trop intéressante, sinon trop belle pour la laisser filer comme cela, dans un flux de mails et de messages redirigés. Alors je m'engage.

Et ma proposition de communication repose sur un témoignage, le mien, à pratiquer depuis toujours la géographie avec les images et les sons. Autant dans la fabrication et l'écriture de la recherche que dans la construction des enseignements universitaires sur la confection socio-géographique des paysages. Si la mobilisation des méthodes visuelles et sonores, plus particulièrement le film, est courante dans d'autres disciplines des sciences humaines et sociales (anthropologie, ethnographie, sociologie), la géographie, bien que discipline de l'image, reste encore à la marge de ce type de production scientifique. Décider d'enregistrer, d'analyser et d'écrire les savoirs géographiques à l'écran est déjà un engagement à tenir. Loin d'être facile dans une science très largement occupée par l'écriture textuelle.

Cet engagement à user d'une autre forme de langage scientifique en géographie et à faire des films pour donner un visage à la parole des lieux que j'explore repose lui-même sur un autre engagement. Comme une motivation d'ailleurs à générer le premier. Les engagements, mes engagements, s'enchâssent. Précisément celui de vouloir, avec la caméra et le micro, ne plus rester sur le seuil de la porte mais bel et bien entrer dans le terrain et au-delà, d'y rester le plus longtemps possible pour m'y fondre, ne pas y demeurer simple visiteur et créer les conditions sine qua non de mes rencontres. Rencontre avec les paysages et leurs mouvements. Rencontre avec celles et ceux qui les fabriquent. Rencontre avec le pays qui se dessine et se redessine devant moi. Les rencontres sont au cœur de mes travaux géographiques filmés. Ce sont elles qui motivent ma pratique de la géographie et braquent la focale sur mon engagement à prendre part entièrement à ces rendez-vous, c'est à dire à mettre de moi dans une pratique vivante, sensorielle et habitée de cette science territoriale et paysagère que j'ai choisi d'investir. Je propose donc ici de discuter aussi de cet engagement à défendre la part incarnée et sensible de l'enseignant-chercheur que je suis dans la production des connaissances géographiques filmées par la création des rencontres, à montrer comment les méthodes visuelle et sonores permettent, par la couleur des sentiments, d'enrichir véritablement ma pratique disciplinaire. C'est avec mes émotions que je parviens à « rentrer en observation » (et à sortir d'une observation extérieure et distanciée du pays), que j'organise les conditions d'un dialogue entier et sincère avec les lieux, in fine cette double capture au sein de laquelle je vais autant dans le paysage que lui me propose d'aménager en moi. Tout cela, je crois, sans ôter sa part de crédibilité scientifique à la connaissance géographique, bien au contraire. Mon engagement "à prendre part dans et avec", parle aussi en miroir de l'engagement de celles et ceux qui acceptent que je les filme, également de celui des paysages avec lesquels je converse et qui me dévoilent les recoins dans lesquels ils se cachent. Dans cette pratique filmée de la géographie, nous n'avaçons pas bords à bords mais l'un dans l'autre. L'engagement est ici une histoire d'enchâssements, de positionnements à prendre, à tenir et à défendre, d'allers-retours et de double sens entre le terrain et moi. Moi et le terrain. De confiance comme de tensions. De bonheurs à ne faire qu'un, parce qu'on fait avec l'autre.

Ces engagements dans la recherche sont une invitation à m'engager plus encore dans le développement d'un enseignement géographique universitaire qui ouvrent aux étudiantes et aux étudiants des perspectives différentes dans les modes de pratique et d'écriture de la géographie, en empruntant ces chemins de traverses qui mènent souvent à de belles découverte et des propositions géographiques audiovisuelles de qualités.

Cette proposition de communication, parce qu'elle parle de moi – chose pas si facile à faire -, est toute entière un engagement.


Personnes connectées : 5 Vie privée
Chargement...