Territoire et action publique au Mali : cas de la mine de Morila dans la localité de Sanso.
Tiemoko Traore  1@  
1 : Faculté des Sciences Humaines et des Sciences de l'Education

Depuis 1990, l'extraction d'or est devenue la deuxième source de revenus d'exportation au Mali, après le coton. Cette rapide croissance a suscité de nombreux espoirs de développement, espoirs renforcés par le boom du cours de l'or sur les marchés mondiaux depuis quelques années.
La mine d'or de Morila, notre terrain d'étude, est l'une des grandes mines construites et l'exemple le plus indiqué du boom vertigineux tant par sa forte production aurifère (elle a produit 225,25 tonnes d'or de 2000 à 2013 et depuis sa mise en service elle a injecté 400 milliards franc CFA dans l'économie nationale) que pour les projets de développement mis en place par les sociétés qui exploitent l'or dans cette localité. Mais si l'on dépasse la vitrine affichée de données chiffrées ; la complexité sociale, les frustrations et les questionnements quotidiens des habitants de Morila apparaissent : près d'un tiers de la population riveraine de la mine enquêtée se plaint en effet de la cherté de la vie, des problèmes d'accès aux soins de santé, à l'eau potable, des sureffectifs dans les classes d'école, des bouleversements des logiques du terroir.


Lors de cette étude de terrain prolongée à sur le site minier, certaines personnes ayant fait l'objet d'interview ont eu des difficultés à appréhender le rôle du chercheur sur le terrain. Probablement à cause de certaines habitudes établies par des enquêtes antérieures, dans certains cas par exemple les gens ont tenu à profiter de notre passage pour demander d'être leur interlocuteur auprès de la mine afin de trouver un emploi, de demander des médecins pour leur centre de santé, de régler certains litiges. Le chercheur, en partageant la vie quotidienne des habitants, est régulièrement pris à parti et il lui est parfois difficile de trouver le point d'équilibre entre un rapport trop distancié qui limiterait la récolte d'informations et un rapport trop proche qui entraînerait une récolte biaisée de données de terrain. En effet, le chercheur risque toujours d'être « assimilé, souvent malgré lui, mais parfois avec sa complicité, à une “clique” ou une “faction” locale, ce qui offre un double inconvénient. D'un côté, il risque de se faire trop l'écho de sa “clique” adoptive et d'en reprendre les points de vue. De l'autre, il risque de se voir fermer les portes des autres “cliques” locales .»

L'introduction dans la mine a été possible grâce à l'intervention d'un cadre évoluant dans le secteur minier, ce qui a facilite mon accès aux informations de la mine (certaines confidentielles) mais d'une part certains dirigeants craignent que je ne communique ces informations aux journalistes (assimilation du chercheur au journaliste) et d'autre part, que cela "a cousu la bouche" de certains interlocuteurs lors des entretiens. Du fait de cette proximité avec les instances dirigeantes de la Mine, certains individus hésitaient à nous confier leur ressenti concernant un quelconque aspect du programme de la mine qui n'est pas socialement apprécié par la communauté, de peur que cela ne porte préjudice à leurs acquis professionnels.


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